Un triptyque pas à pas

Jour après jour, l'écriture d'un triptyque de la Sainte Famille



Béni le 29 mai 2015 au cours d'une messe à l'oratoire Saint François d'Assise.

Le temps de la patience...  

...ou comment s'écrit une icône.

D'abord la prière, ce temps d'occupation où chaque geste, chaque pensée de la journée sont tournés en même temps vers Dieu et vers celui qui recevra l'icône.

C'est temps de lenteur, un peu particulier parce que vide de "moi", comme si ma respiration était ailleurs, et puis lentement tout s'ordonne,  s'affine... et se pose enfin en un pauvre gribouillis sur du papier froissé :




Ce sera donc un triptyque de la Sainte Famille...
Les anges se sont invités tranquillement et ce beau texte des Proverbes (9, 32b-35):
"Heureux ceux qui gardent mes voies ! Heureux l'homme qui m'entend, qui veille jour après jour, à mes portes pour en garder les montants ! Car qui me trouve trouve la vie, il obtiendra la faveur d'Adonaï..."


 L'ouvrage commence alors dans l'atelier, (et sans photo, je n'y ai pas pensé !). Les planches brutes, ici du tilleul, sont délignées, dégauchies, rabotées, assemblées, collées, poncées...



Et voici le triptyque prêt à enduire :
La planche est entoilée, et la première couche d'enduit posée. Il y en aura 14. 




Après un ponçage soigneux, sur la terrasse pour profiter d'un beau soleil printanier, les planches sont prêtes à recevoir le dessin... 



Un dessin est mis en place sur l'extérieur des portes,
pas de détails mais un simple dégrossi pour permettre la préparation des fonds en vu de la pose d'or.





La face interne des portes sera traité la dernière, quand l'extérieur et l'icône centrale seront achevées.
Et plus tard...




Le dessin est mis en place, y compris sur l'icône centrale, et l'or est maintenant posé et bruni.
Le brunissage s'est effectué au pinceau : 
L'or en reçoit un éclat plus doux, et prend la lumière avec plus de souplesse qu'avec une agathe.



Vient le temps des couleurs :

 
Les pigments qui se sont présentés seront utilisés pour tout le triptyque. Je ne choisis rien intentionnellement et n'en ajoute jamais malgré les tentations ! 







La tempera a la couleur éclatante des oeufs de printemps que nous offrent nos jolies amies : 







 ...5 heures plus tard...


...ça n'est pas fini...







Le lendemain, après 3 heures supplémentaires, il ne reste qu'à cirer pour protéger la surface.

                     










Tout ceci est bien imparfait, mais depuis longtemps je sais que c'est l'imperfection qui porte le mouvement et la vie, c'est elle qui nous touche et c'est d'elle que naît toute fécondité.
Peut-être parce que notre humanité est si joliment "parfaitement imparfaite" ?
  A parte :  
Cette phrase "Soyez parfait comme votre Père est parfait" (Mat.5, 48), ne signifie-t-elle pas tout simplement :
"Soyez qui vous êtes, mais qui vous êtes devant Lui : nés par Amour pour Aimer " ?





Pause familiale : deux petits indiens ont mangé le temps avec gourmandise... 





La Famille Sainte attend...




L'icône dévoilée...

Enfin, les pigments révèlent lentement l'image... 





Je la découvre enfin, je la lis plus que je ne l'écris, avec de longs temps de silence. 
C'est elle qui me guide, m'invite à de patients recouvrements, à des entrelacs de feuillages presque invisibles dont on devinerait pourtant le manque...





Est gravé derrière cette branche de grenadier : 
"Si tu exclues de chez toi le joug, le geste menaçant et les propos impies,
 Si tu donnes ton pain à l’affamé, si tu rassasies l’opprimé,
 Ta lumière se lèvera dans les ténèbres et tes ombres deviendront plein midi.
 Adonaï te guidera constamment, dans les déserts il te rassasiera.
 Il te rendra ta vigueur et tu seras comme  un jardin arrosé,
 Comme une source d’eaux dont les eaux seront intarissables."
 Isaïe  58 10-11 


L'image centrale est terminée, entre icône et enluminure...

Icône parce que née de la contemplation, enluminure par cette façon de choisir toujours la lumière, non pas comme une lumière qui viendrait se poser sur l'image, mais comme la révélation de la lumière qui se cache au coeur de la matière...

..."sur chaque feuille il a laissé un habit de beauté"... Cantique spirituel, St Jean de la Croix.

 Il reste à la cirer après avoir veillé à tous les détails, et à en faire une bonne photo. 



La face interne des portes attend. 
 Je dois dessiner L'Annonciation, le songe de Joseph, et... ?

Je l'ignore encore.



En Noir et Blanc.



La mise en place du dessin des portes :
 Je reconnais volontiers que cette esquisse peut laisser perplexe.


Elle m'a permis d'avoir une idée de la "mise en page" et ces graffitis vont me permettre de mettre en place les parties à enduire. Le dessin final sera réalisé directement sur l'enduit poncé à partir de ces quelques indications annotées.

       Les détails sont écrits quelque part en moi avec une grande précision, mais ce croquis en est la clé indispensable !







Le dessin est prêt, l'assiette à dorer est en place...




Et l'or est posé. Je vais pouvoir procéder à la mise en couleur...





La mise en lumière.






Le printemps m'a rattrapé : le travail extérieur n'attend pas, le triptyque prend patience.

Mais hier la nuit était belle et longue...





La porte droite s'est achevée au petit jour, je profite du grand soleil pour mettre mes pinceaux sur la terrasse et travailler sur la porte gauche.






La pose des charnières, 
et quelques réglages après la pose des corniches : 
La finition : les corniches sont d'abord collées et vissées,
puis des chevilles viennent dissimuler la tête des vis.
Il ne reste qu'à les poncer...




En fin... ou au commencement :





   

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